Depuis le début de blog, fin 2016, j’ai publié un certain nombre de billets sur le cinéma, toujours selon le même procédé et avec le même objectif : relier une œuvre cinématographique connue à un concept, une émotion ou à un fonctionnement psychique que je souhaitais mettre en exergue.

La première fois, c’était avec la Reine des neiges, j’y évoquais l’enfant contraint de se replier dans un château de glace intérieur, parce que l’environnement n’a pas su l’accompagner avec ses pouvoirs. Puis, il y a eu d’autres billets…

La reine des neiges sur le divan

A star is born, l’amour impossible

Catharsis nécessaire

Nous savons, depuis Aristote, l’importance des émotions qu’évoquent chez nous le théâtre, le cinéma, la musique… Je pleure devant cette scène qui me rappelle un événement de ma vie passée ; je tremble et pâlis en regardant cette sculpture ; mais aussi, je jouis de cette violence à l’écran, moi qui ne ferais pas de mal à une mouche. (Combien de grands introvertis, pacifiques et plutôt inhibés ont adoré Game of thrones ?)

Pour celui ou celle qui a des difficultés à vivre ses émotions en conscience, l’art est une voir royale permettant de les contacter, d’être touché, ému, de pleurer s’il ne s’y autorise rarement, d’assouvir quelques pulsions honteuses si elle ne se le permet jamais. Et les écrans, du fait de l’immersion qu’ils proposent, puisqu’ils s’adressent à nous à la fois par l’image et le son, sont des vecteurs privilégiés de ce phénomène. Les publicitaires l’ont compris depuis longtemps et l’usage de l’image ne se limite malheureusement pas à nous permettre de mieux ressentir ; c’est également un excellent moyen de manipulation et de propagande.

Vice-Versa, se déprimer pour grandir

Will Hunting, la violence contre soi

Manipulation par l’image

Ressentir une émotion n’est ni un but à atteindre, ni la preuve qu’un film est réussi. Tout comme les campagnes publicitaires de prévention qui jouent avec la sensibilité du spectateur au lieu de s’adresser à son intelligence, un procédé peu éthique, certains réalisateurs savent comment appuyer sur la corde sensible pour faire réagir. Je pense notamment à Lars von Trier, dont les films plongent le spectateur dans un malaise dont on se demande s’il n’est pas uniquement cathartique pour son auteur. On retrouve ici un élément prégnant dans la perversion qui consiste à faire vivre l’émotion par procuration. Le pervers, incapable de ressentir, se servant de la souffrance de l’autre pour se constituer et tenir. En effet, pleurer devant un film, ressentir de la peur, du dégoût, ou rire, peut tout autant nous faire du bien que nous laisser le sentiment étrange et malaisant d’avoir été abusé par le réalisateur, comme émotionnellement pris en otage.

La Crise, l’expression de la saine colère

Anakin Skywalker, ne pouvait-on pas s’y prendre autrement ?

Pour aller plus loin :

  • Aristote, La Poétique
  • Quelques autres films sur lesquels j’aurais pu écrire un article : Festen, sur l’inceste et les systèmes familiaux pervers, qui se paie le luxe d’être drôle tout en traitant d’un sujet terrible ; J’ai tué ma mère (et toute l’œuvre de Xavier Dolan, sur la relation mère-fils) ; Into the wild, sur la lutte entre l’indépendance forcenée et le besoin dévorant de relation ; Whiplash, sur la quête de l’idéal et du haut niveau…
  • Stendhal et le syndrome de Florence

 

Image du bandeau : Liam McGarry – Unsplash

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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)