Une nouvelle fois, je vais m’attarder sur la discipline que je pratique depuis plus de trente ans et enseigne depuis vingt ans : l’escrime. Au-delà, il s’agit d’une réflexion sur les sports d’opposition et de compétition, encensés par certains, décriés ailleurs, notamment parce qu’ils formeraient à écraser l’autre. Je pense pour ma part qu’ils contribuent à apprendre à s’appuyer sur lui.
Catégorie : escrime

En escrime comme dans la plupart des disciplines individuelles, le cours particulier dispensé par le maître d’armes demeure un point d’orgue dans le dispositif d’enseignement. On y travaille des gestes techniques, on y optimise des actions, dans un face à face à la proximité telle que maître et élève semblent parfois exister hors du temps…

Je déjeune il y a quelques jours avec une psy. Nous ne nous connaissons pas encore, tout juste sait-elle que je pratique la psychothérapie moi-même et que je suis maître d’armes. Mais d’emblée, elle plante son regard dans le mien et me dit : « franchement, je me demande bien ce qui peut donner envie de faire de l’escrime, en as-tu une idée ? »

Un jour ou l’autre, il fallait bien que je me confronte aux gros mots de la psy. Ne pas parler du transfert alors qu’on écrit sur le point de vue de l’entraîneur, et qu’on est psy par-dessus le marché, c’est un peu comme de faire de l’escrime avec des sabres en mousse ; à un moment ou un autre ça a ses limites.

Atlas, le monde sur ses épaules
Dans la mythologie grecque, Atlas est condamné par Zeus à porter la voûte céleste à bout de bras, mais il est souvent représenté portant le monde sur son dos. L’atlas, c’est également la première vertèbre cervicale, celle qui soutient la tête, notre monde interne, personnel. Parfois ce dernier pèse lourd, lui aussi.

Ceux qui lisent régulièrement les médias de développement personnel, de coaching et de psychothérapie le savent : être ancré, s’enraciner, c’est à la mode.
Il se trouve que dans les sports de combat également, être ancré c’est fondamental. Chaque escrimeur s’est un jour entendu répéter la sempiternelle consigne : « Fléchis sur tes jambes ! » (variantes possibles : écarte les genoux, descends sur tes appuis, etc.)
Mais pourquoi faire ?

L’escrimeur en compétition est parfois victime de ce que les magazines et le vocabulaire spécialisé intitule la compulsion d’échec, ou encore le sabotage inconscient. Dans le précédent article, nous avons commencé à recenser les meilleurs scénarios de sabotages en compétition. Poursuivons notre palmarès et cette fois pas de jaloux, il y en aura pour tout le monde, tireurs, arbitres et entraîneurs :).

Je discutais sur le bord d’une piste avec Christian Kervroëdan, qui se trouve avoir été l’un de mes formateurs à l’école des maîtres d’armes, et le premier sans doute à m’avoir fait comprendre qu’il y a plus que de l’escrime dans l’enseignement de l’escrime. En parlant de tout et de rien, nous en étions rendus à évoquer la capacité de certains tireurs à appuyer, délibérément ou non, sur la touche « autodestruction » durant l’assaut.

En tant qu’escrimeur et psy, il fallait bien un jour que j’écrive un billet sur le salut. Le sujet est difficile à éviter.
Si j’ai repoussé l’échéance jusqu’à aujourd’hui, c’est parce que ma relation avec cet essentiel des sports de combat n’a pas été simple. C’est une difficulté qui se trouve en lien avec les symboles : il faut pouvoir s’accorder le temps et l’envie d’y donner un sens pour soi-même.

Pour le troisième article de ce triptyque sur l’escrime, après le masque et la compétition, j’aimerais que nous portions notre attention sur le mal aimé du sport : l’arbitre.

Je suis psychopraticien, coach et maître d’armes. (Et ça n’est pas moi sur la photo, mais Gauthier Grumier, athlète talentueux s’il en est, et à qui je souhaite une superbe carrière d’entraîneur.)
La compétition, pour laquelle je n’étais absolument pas doué lorsque j’étais enfant, m’a amené à plusieurs réflexions, notamment lorsque intervenant en milieu professionnel en tant que coach, je me suis aperçu que les analogies étaient nombreuses entre ce qui se vivait dans mon sport et ce qui pouvait se retrouver dans l’entreprise.