C’est l’hiver, ralentissons.
Alors que je repeins mon site aux couleurs de l’hiver afin de nous souvenir que cette saison est propice pour ralentir notre rythme, comme le font les arbres, j’ai envie d’évoquer l’endroit où j’ai choisi d’habiter et d’exercer, ainsi que son hôte le plus célèbre. Ces couleurs qui donnent un air de savane africaine à la campagne du Vexin me rappellent le nombre d’artistes qui ont peint Auvers et je profite de mon plaisir à vivre dans un village qui a finalement peu changé depuis un siècle et des poussières.
Cynisme de psy
Lorsque je dis à un parisien que j’exerce la psychothérapie à Auvers-sur-Oise (aujourd’hui à Pontoise), il me demande souvent où ça se trouve, et je réponds quelque chose comme : « près de Cergy-Pontoise, tu sais, les impressionnistes, Van Gogh, il y a peint plus de soixante-dix toiles, il est enterré là-bas, tout ça tout ça… »
Alors, le visage de mon interlocuteur s’éclaire. Maintenant il situe Auvers-sur-Oise. Et à chaque redite de ce petit dialogue, je me rends compte que si mon village est iconique, comme Giverny, on le situe tout aussi mal sur une carte de l’Ile de France.
Un jour, alors que je démarrais mon activité, l’un de mes formateurs qui sait très bien où se trouve Auvers me dit tout de go et sourire aux lèvres : « pour toi au moins, l’argumentaire commercial est tout trouvé !
– Ah ? l’interrogeai-je, curieux de la boutade à venir.
– Bien sûr, tu peux dire : si Van Gogh était venu me consulter, il ne serait pas passé à l’acte. »
Nous rîmes. Entre psys on a parfois un humour cynique, voire déplacé ; rien de grave, il s’agit d’un mécanisme de défense névrotique plutôt répandu, en particulier dans les professions où l’on côtoie la souffrance. (Avez-vous déjà passé quelques heures off stage avec le personnel hospitalier par exemple ?)
Nous convînmes cependant que si l’effet de manche tragicomique était assuré, certains lecteurs pourraient ne pas goûter à la plaisanterie. Je n’ai cependant pas résisté à l’envie de publier cet échange, avec les précautions d’usage.
Angoisse, chaos, sublimation
Mais je ne compte pas me lancer dans une interprétation du destin de ce pauvre Vincent. D’abord parce ça a été fait et refait, ensuite parce que les perspectives de relecture de l’histoire quant à son suicide compromettent sérieusement les chances de ne pas raconter trop d’âneries.
Van Gogh a produit quantité d’œuvres extraordinaires à Auvers-sur-Oise, dont une toile qui m’avait hypnotisé enfant, lorsque je l’avais découvert en feuilletant une encyclopédie, il s’agit du champ de blé aux corbeaux.
Il m’aura fallu attendre mon premier voyage à Amsterdam pour avoir l’opportunité de l’admirer lorsque j’avais vingt ans. Aujourd’hui encore, elle produit sur moi un effet de fascination admirative, et à mon avis nul besoin d’être psy pour y voir quelque chose d’universel, de profondément lié à l’existence humaine.
Cette tourmente, nous l’avons tous aperçue un jour, puisqu’elle est imprimée en chacun et en chacune d’entre nous. Le génie de Van Gogh aura été de parvenir à la sublimer d’une façon aussi évidente, qui nous permet peut-être de contempler notre intérieur et d’en avoir moins peur.
Je crois que c’est un bon endroit pour citer l’une des sentences Nietzschéennes les plus connues : Il faut encore avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse.
Bel hiver à tous, le printemps reviendra.
Pour aller plus loin :
- Pouvait-on sauver Van Gogh, article psy, mais lisible, de Dominique Bardou qui revisite les derniers jours du peintre sous la lorgnette de la systémique familiale.
- Le site de la ville d’Auvers-sur-Oise
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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)
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