Une séance ou un cachet, choisissez votre camp

Il est des différences culturelles qui interpellent. Lorsqu’on fréquente des américains, ou lorsqu’on est un tant soit peu imprégné de la pop culture américaine à travers les séries et le cinéma, on a parfois l’impression qu’ils passent leur vie chez le psy. En revanche, lorsqu’un américain évoque le fait de prendre des antidépresseurs, son entourage réagit comme s’il avait annoncé qu’il était héroïnomane.

En France on trouve des croyances radicalement différentes, même si les choses évoluent lentement des deux côtés de l’Atlantique pour le meilleur et pour le pire. La réaction de votre entourage lorsque vous annoncez que vous pensez à consulter un psy sera souvent marquée par la surprise et le déni : « Toi ? Mais pourquoi, tu n’es pas malade ! » ; variante : « mais pourquoi faire, tu n’as pas de problème ! ».
En revanche, la prise de médicaments fait partie de nos mœurs. Si vous avez du mal à dormir, un Stilnox fera l’affaire, si vous avez un coup de mou, un demi Prozac ne fera sans doute pas de mal. Il ne faudrait surtout pas songer à tomber en dépression, quelles qu’en soit la raison et les bénéfices. Quant à l’explosion du burnout, on peut légitimement se demander ce qu’elle a à voir avec le refus d’accepter de se sentir mal dans une société en perpétuelle quête du bonheur.

Palmarès français éloquent

La France, longtemps championne de la consommation d’antidépresseurs, est en net recul dans le classement mondial. Problème, ça ne s’arrange pas chez nous, ça empire chez les autres. Avec la disparition progressive des asiles psychiatriques, on le sait, la camisole psychique a replacé l’autre, mais les liens sont peut-être tout aussi serrés, cette fois autour de l’âme.
Heureusement, nous resterions selon cet article leaders incontestés en matière de psychotropes confondus, l’honneur est sauf.Les psychotropes vuq comme un antidote à la créativité et à l'émancipation ?

Si je ferme les yeux, on ne me verra pas ; le symptôme n’est plus visible, a-t-il disparu pour autant ?

Prendre des cachets peut s’avérer nécessaire, c’est même parfois indispensable. Croire qu’on peut traiter tous les maux par la parole, cela tient de la toute puissance, tout comme le fait d’imaginer qu’une pilule suffira à guérir.

En revanche, on peut se poser la question de ce qu’offrent les antidépresseurs en matière d’amélioration de notre vie lorsque nous en arrêtons la prise. Et de là, questionner l’illusion dans laquelle se fourvoient ceux et celles qui croient que la cause de leurs problèmes a disparu parce qu’ils se sentent mieux après une semaine de traitement.
Le médicament peut soulager, mais il n’efface rien. Le médecin qui prescrit une ordonnance le précise-t-il ? Et le patient qui sollicite la prescription est-il prêt à l’entendre ? (Peut-il entendre au moment où il est au plus mal qu’il n’existe aucune solution miraculeuse sur ordonnance, et qu’avec ou sans médicaments, il est un moment où nous avons à faire face à ce qui nous traverse ?)

Effets secondaires immédiats et à long terme, accoutumance, état dépressif rendu chronique, autant de raisons pour tenter de redonner aux psychotropes leur statut de béquille chimique nécessaire avant d’aller traiter le problème à sa base et d’entamer un travail en psychothérapie. A condition évidemment de ne pas troquer une dépendance pour une autre en utilisant le psy comme seconde béquille.

Il est également de la responsabilité du thérapeute d’aider à découvrir un passage vers l’autonomie en permettant à ses patients de se séparer de lui. Psy ou cachets, on va souvent mieux le jour où on n’en a plus besoin.

l'abus d'antidépresseurs nuit fortement à la vie émotionnelle

Pour aller plus loin :

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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)

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