Enrick B. une maison d’édition qui compte pour les psys !

N.B. Ce billet n’est le fruit d’aucune collaboration commerciale, mais de l’estime professionnelle et de l’amitié.

Le livre n’est pas un secteur porteur ; le livre pour psy, encore moins, en dehors de la soupe indigeste du développement personnel, qui peut voir émerger parfois quelques bestsellers. Il faut être passionné pour publier autour de la psychothérapie et de la psychanalyse. Il s’agit d’un acte de foi. Mais en plus de cela, il faut être compétent, choisir des auteurs, trouver des thèmes ; la bonne volonté ne suffit pas.

Muni de ces atouts, on peut alors se lancer et monter une petite maison d’édition, qui n’aura pas vocation à concurrencer les grosses cylindrées du secteur, mais à se faire une place dans les interstices de la culture. Voilà l’endroit précis où se trouve Enrick B. éditions, maison créée en 2007 par Enrick Barbillon.

C’est grâce à lui qu’on peut relire les meilleurs bouquins d’Alexander Lowen, créateur de l’analyse bioénergétique, sans être contraint d’en récupérer un vieil exemplaire d’occasion à prix d’or (chez Tchou !). C’est aussi grâce à lui que de bons auteurs contemporains, qui ont des choses à dire, peuvent échapper à l’Harmattan et espérer vendre plus de 50 exemplaires de leur ouvrage. Pour les psys intéressés par le corps et la relation, dont je fais partie, le catalogue d’Enrick B. est truffé de livres importants, voire indispensables.

En voici trois, dont la place me paraît importante dans la bibliothèque d’un bon praticien. Et puisque l’été arrive, vous aurez besoin de livres sur la plage !

Ben White – Unsplash

Psychopilules, un essentiel pour aborder les psychotropes

Lorsque j’ai lu Psychopilules, publié en 2018, je me suis dit : « enfin ! Voilà le livre dont j’avais besoin ». Les auteurs recensent les différentes molécules, classées par familles de manière très pédagogique, nous expliquent les effets à court, moyen et long terme, de manière compréhensible pour quelqu’un qui n’a pas fait médecine. Grâce à ce livre, nous sommes moins dépourvus lorsque nos patients reviennent de chez leur psychiatre avec une ordonnance. L’objectif n’étant évidemment pas de jouer à l’apprenti-médecin, c’est un vrai métier, mais d’y voir plus clair dans l’océan pharmaceutique où se noient les gens aujourd’hui.

Des détours sont également empruntés, comme sur l’histoire de la commercialisation du Prozac aux USA ; détours qui permettent de mieux comprendre la dynamique médicale moderne, qui mène par exemple à l’invention scandaleuse de nébuleux diagnostics autour de l’hyperactivité, dans le but de mettre des millions d’enfants sous Ritaline. Comme si ces enfants étaient réellement malades d’une part, comme si le médicament pouvait les soigner d’autre part.

Car les auteurs de Psychopilules nous rappellent cette vérité parmi d’autres : aucun médicament psychoactif n’a d’effet durable et permanent, ni ne guérit qui que ce soit. Un médicament classique peut tuer une bactérie ou un virus, parce que cette bactérie ou ce virus est identifiable, observable, quantifiable. Un psychoactif ne fait que modifier un état, sans jamais modifier la cause du problème. Ils nous racontent également que le nombre de morts par overdose médicamenteuse dépasse ceux par overdose d’héroïne, ce qui signifie qu’on meurt plus aujourd’hui en conséquence de médicaments légalement prescrits qu’à cause de drogues illégales.

Le discours est critique et agréablement nuancé. La psychopharma est une révolution qui épargne aujourd’hui une souffrance inquantifiable à des personnes qui, autrefois, n’avaient aucun moyen d’espérer pouvoir vivre une vie normale. Pour ma part, c’est la première fois que je peux lire un ouvrage critique à l’égard des médicaments psychoactifs, qui reconnaisse à la fois leur nécessité.

Tout cela étant très bien écrit, et à la portée du plus grand nombre, que demande le peuple !

Psychopilules

Déontologie pour les psys, un guide précis et concret

Les organisations psy, syndicats, groupements ou fédérations, possèdent souvent leur propre code de déontologie. Mais à ma connaissance, il n’existait pas encore d’ouvrage qui permette à la fois de définir la déontologie professionnelle et de lister les items incontournables qui doivent la constituer, tout en illustrant le propos avec des situations cliniques vécues. Cela amène une lecture particulièrement fluide, l’exemple permet en effet de rendre la règle plus vivante. Je n’irais pas jusqu’à dire que cela constitue une expérience agréable, car certaines vignettes présentées provoquent aisément le malaise du lecteur. Mais cela contribue à faire en sorte que cette lecture nécessaire et utile puisse quasiment se faire sans effort.

Indispensable, notamment pour les jeunes praticiens qui trouveront des réponses concrètes à 90% des questions qu’ils peuvent et doivent se poser.

Déontologie pour les psys

Un amour qui guérit, la psychothérapie par l’exemple

5 psychothérapies hors du commun, racontées, puis analysées, clin d’œil un siècle après les 5 psychanalyses de Freud. Un fondamental de la psychothérapie humaniste et relationnelle qui permet, pour un lecteur non averti, de mieux comprendre ce qui se passe dans le cabinet du psy.

Un amour qui guérit

Et beaucoup d’autres…

J’aurais pu vous parler d’autres ouvrages d’Edmond Marc, d’Yves Lefebvre ou de Marcelle Maugin, d’Alexander Lowen, que j’ai déjà cité plus haut, et d’autres. Vous aurez compris que mon but n’est pas de définir un catalogue, mais d’apporter un modeste soutien à cette courageuse maison d’édition, qui continue à proposer du contenu de qualité sur papier au XXI^ème siècle. Longue vie à eux et aux auteurs !

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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)
Directeur pédagogique du CIFPR

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